Pourquoi les Somaliens capturent des navires
Pourquoi les Somaliens capturent des navires
Abayomi Azikiwe |
Les visées du Pentagone sur l’Afrique Après que trois Somaliens ont été exécutés et qu’un quatrième a été blessé, puis capturé dans l’océan Indien, le 12 avril, un chef des prétendus pirates a juré de venger la mort de ces jeunes hommes qui avaient gardé prisonnier durant cinq jours le capitaine américain d’un cargo, le Maersk Alabama. Le 13 avril 2009 Le capitaine Richard Phillips avait été relâché dans le même temps que l’armée américaine et les médias traditionnels applaudissaient à la mort des Somaliens, déclarant que ces actions étaient amplement justifiées.Le Maersk Alabama n’a jamais été capturé par les Somaliens, même si le capitaine est resté aux mains des pirates durant cinq jours. Le capitaine n’a pas subi les moindres sévices durant ces cinq jours et, plus tard, le navire a accosté au port kenyan de Mombasa, dans l’est de l’Afrique. Le 13 avril, depuis la ville côtière d’Eyl, Abdi Garad, un porte-parole du groupe de Somaliens qui a tenté de s’emparer du navire danois de 17.000 tonnes, le Maersk Alabama, à quelque 450 kilomètres de la côte, déclarait à l’Agence France Presse (AFP) :
Et Garad de poursuivre :
Garad prétendait qu’après avoir laissé tomber la demande de rançon, les Somaliens avaient demandé que le capitaine Phillips fût transporté sur un navire grec appartenant au groupe. Un autre Somalien, Abdulahi Lami, disait dans le même article que les pirates ne se laisseraient pas intimider par les actions militaires américaines dans l’océan Indien. « Chaque pays sera traité de la façon dont il nous traite. À l’avenir, ce sera l’Amérique qui va pleurer et se lamenter. Nous allons exercer des représailles pour la mort de nos hommes. » Selon les rapports officiels émis par l’armée américaines, des snipers (tireurs d’élite) postés sur le vaisseau de guerre USS Bainbridge ont tué trois Somaliens après avoir suivi de leurs mouvements durant plusieurs jours. On dit que le plan prévoyant de tuer les Somaliens avait été approuvé par le président Barack Obama. Toutefois, cette version des événements a été remise en question par les Somaliens qui soutiennent les captures de navires. Ils prétendent que les trois jeunes hommes ont été tués après avoir accepté de débloquer l’impasse et de libérer Phillips. Cette opération a eu lieu deux jours seulement après que des opérations similaires eurent été menées par les commandos militaires français, lesquels ont pris d’assaut un yacht capturé par des Somaliens, opération qui s’était soldée par la mort d’un des otages français. Lors d’autres faits qui ont contribué à accroître les tensions dans la région, deux hélicoptères américains ont survolé à très faible altitude les installations portuaires du port de Harardhere, dans le nord-est de la Somalie, le 12 avril. L’armée américaine prétend que cette zone constitue une base pour les opérations de piraterie menée contre des navires se déplaçant dans le golfe d’Aden. Ce qui se cache derrière l’escalade de la « piraterie » Ces derniers mois, des pirates somaliens ont prétendu que des sociétés européennes déchargeaient des déchets toxiques au large de la côte de la Corne de l’Afrique. Un navire ukrainien qui avait été capturé, puis relâché par les Somaliens avait reçu plusieurs millions de dollars en paiement de la part de ses propriétaires, de l’argent dont on dit qu’il a été utilisé pour nettoyer les saletés qui ont été larguées dans la zone. Dans le même article déjà cité, un porte-parole du PNUE, Nick Nuttall, informa Al Jazeera que c’est lorsque les barils rouillés furent ouverts par le force des vagues que les déversements, qui duraient depuis de nombreuses années, furent révélés. « La Somalie a été utilisée comme décharge pour des déversements dangereux qui ont débuté au début des années 1990 et se sont poursuivis tout au long de la guerre civile qui a frappé ce pays. Les compagnies européennes estimaient que c’était très bon marché de se débarrasser des déchets au prix ridicule de 2,50 dollars la tonne, alors que les dépôts de déchets en Europe réclament des montants de l’ordre de 1000 dollars la tonne », déclara Nuttall. Nuttall poursuivait en disant qu’il y avait « bien des sortes différentes » de déchets. « Il y a les déchets radioactifs d’uranium. Il y a le plomb et des métaux lourds comme le cadmium et le mercure. Il y a également des déchets industriels et des déchets d’hôpitaux, des déchets chimiques, et la liste est encore longue. »
Mohammed Gure, président du Somalia Concerned Group, a déclaré dans le même article publié par Al Jazeera que l’impact social et environnemental de ces déversements de déchets toxiques se fera sentir durant des décennies. « La côte somalienne faisait vivre des centaines de milliers de personnes pour qui elle représentait une source de nourriture et un gagne-pain en général. Aujourd’hui, une grande partie en est presque détruite, principalement de la faute de ces prétendus ministres qui ont vendu leur nation en vue de se remplir purement et simplement les poches. » D’autres facteurs impliqués dans l’exploitation de la Somalie ont trait au fait que la voie maritime du golfe d’Aden voit passer des milliards de dollars de marchandises chaque semaine. Pratiquement rien de ces fonds n’est utilisé au profit du peuple somalien, qui souffre toujours du sous-développement résultant de l’ingérence américaine dans ses affaires internes. L’administration Bush a financé et organisé une invasion du pays par l’Éthiopie, pays allié à l’Occident, en décembre 2006. En raison d’une résistance opiniâtre, l’armée éthiopienne s’est retirée du pays en janvier 2009. La formation d’un nouveau gouvernement de coalition n’est pas parvenue à incorporer au régime tous les diverses groupements politiques somaliens. Par conséquent, des troupes ougandaises et burundaises continuent à stationner dans la capitale, Mogadishu, sous l’égide de l’African Union Mission to Somalia (AMISOM – Mission de l’Union africaine en Somalie). Le principal groupe de résistance, Al-Shabab, continue à réclamer le retrait des troupes de l’Union africaine avant d’accepter d’entrer dans le gouvernement de coalition dirigé par le président Sheikh Sharif Ahmed. Il faut s’opposer à la présence accrue de l’armée américaine Des rapports récents émanant de la Maison-Blanche indiquent que l’administration Obama est divisée à propos de la façon d’appliquer sa politique étrangère dans la Corne de l’Afrique. Certains éléments veulent une approche plus diplomatique du problème de la piraterie ainsi qu’un effort concerté pour amener davantage de nations européennes et asiatiques à patrouiller dans les eaux du golfe d’Aden et dans l’océan Indien. Selon les chiffres révélés par le Bureau maritime international, au moins une douzaine de cargos et plus de 200 membres d’équipage sont aux mains des pirates somaliens dans la région. Dans un même temps, les combats en territoire somalien se poursuivent entre les combattants de la résistance d’Al-Shabab et les forces de l’AMISOM forces, lesquelles opèrent de concert avec les troupes loyales au nouveau gouvernement de coalition de Mogadishu. Le 13 avril, Garowe Radio rapportait que trois personnes avaient été tuées en deux jours à la suite de tirs de mortier dans la capitale Mogadishu. « Des rebelles supposés ont tiré au moins dix obus de mortier sur le port principal de la capitale somalienne Mogadishu, le 11 avril. »
Le rapport poursuivait :
En s’appuyant sur ces rapports et sur l’orchestration par l’administration américaine de l’élimination des trois Somaliens, il est d’une importance vitale que les forces pacifistes et anti-impérialistes des États-Unis insistent sur le fait qu’une plus grande implication militaire américaine dans la région ne créera pas une situation politique plus stable en Somalie et dans la Corne de l’Afrique. En fait, l’histoire l’a prouvé, le rôle de l’impérialisme américain dans la Corne de l’Afrique a créé une instabilité et un sous-développement plus importants encore dans la région. C’est suite à la politique de l’administration Bush à l’égard de la Somalie qu’est apparue la pire des crises humanitaires que connaît aujourd’hui le continent africain. Traduit par Jean-Marie Flémal pour Investig'Action. Source: Workers |