L'État de
la Démocratie Libérale en Afrique 2 Les
mauvais gouvernements et le développement humain en chute libre en
Afrique Par Tony
LEON Même s’il s’agit aujourd'hui d’une démocratie
constitutionnelle, ce pays a souffert de 40 années de mauvaise gouvernance.
Comme le faisait remarquer le journal The Economist, les "récents
succès du Ghana doivent être tempérés par les catastrophes
antérieures". À
l'indépendance, le Ghana était environ aussi riche que la Corée du Sud, mais
aujourd'hui il est 30 fois plus pauvre en termes de richesse par personne.
Selon le Rapport annuel
2006 du Programme des Nations Unies pour le développement, les
statistiques de l'Afrique sont
inexorablement mauvaises. Les 23 pays les plus pauvres dans le monde en termes de développement humain sont tous africains. Principalement en raison de la propagation du VIH et du sida, l'espérance de vie en Afrique a chuté à 46 ans, tandis
qu’environ la moitié de tous
les Africains n'ont pas accès à de l'eau potable et 30 pour cent sont sous-alimentées en permanence. Larry DIAMOND établit une corrélation entre l’absence historique et, sur la plupart
du continent, l'absence
continue de la démocratie libérale, et le sous-développement chronique. Selon
lui "le taux de survie n’est pas sans rapport avec les données en
matière de qualité de la gouvernance". Il note que l'Afrique est
encore "la région la plus mal gouvernée dans le monde" aux côtés
des pays de l'ex-Union soviétique. Cela peut aider à expliquer pourquoi
l'Afrique se classe bon dernier, et par une large marge, dans sa moyenne de
l’indice de développement
humain. Toutefois, c'est seulement après des
décennies d'échecs économiques soutenus et de régression démocratique que
certaines institutions internationales ont reconnu que certains problèmes
économiques de l'Afrique étaient d’origine politique et économique. La Banque Mondiale, par exemple, s'appuyant
sur 45 années de vie économique et d’expérience africaine, a constaté que
"l'effet de mauvaises mesures représente entre un quart et la moitié de la
différence de croissance anticipée entre pays en voie de développement africains
et non africains". Malheureusement, plusieurs commentateurs,
comme Jeffrey SACHS, économiste à l'Université Columbia, et des pop-stars
telles que BONO et Bob GELDOFF, rejettent ou minimisent
l'importance d'avoir un bon gouvernement comme déterminant clé de la performance
économique. Au lieu de cela, comme Peter LEWIS le fait valoir, les
"optimistes de l’Aide humanitaire" préfèrent expliquer la faible croissance de
l'Afrique en stigmatisant une "géographie défavorable, une pénurie de
capitaux, et le manque d'accès aux marchés
mondiaux". La démocratie a besoin d'être
approfondie au-delà d’élections
multipartites périodiques. En effet, la
Banque Mondiale elle-même reconnaît désormais que pour augmenter la croissance,
les pays doivent créer ce qu'ils appellent une capacité institutionnelle
comprenant la protection des droits de propriété, l'exécution des contrats, la
promotion de la société civile, et la prévention de la corruption par le
renforcement des limites constitutionnelles Les
avantages de la démocratie libérale pour l'Afrique Les pays africains avec des
opportunités similaires, et faisant souvent face aux mêmes avantages et
inconvénients, ont des résultats différents selon les politiques
mis en
œuvre. Le contraste frappant entre
le Botswana et la Zambie avoisinante, tous deux sans accès à la mer et riche en
ressources et à qui a été accordée l'indépendance à la même période, est un cas
exemplaire. À l'indépendance
en 1964, la Zambie était le deuxième plus riche pays d'Afrique, alors que le
Botswana était décrit par un officiel colonial britannique comme un
"morceau de territoire inutile". Or, le Botswana a adopté des
politiques économiques favorables au marché ancré et renforcé par un
environnement démocratique environnement qui l'a propulsé vers le groupe des
pays à revenu moyen supérieur. La Zambie, en
attendant, se languit dans le bas du classement sur le revenu, avec un niveau de
revenu par habitant à peine différent de ce qu'il était en 1960.
Le revenu par
habitant du Botswana, ajusté à l'inflation et à la parité de pouvoir d'achat, a
été de 12.420 $ en 2007. Il était de 167 $ en 1960. La Zambie était 1,220 $ en
2007. En 1960, elle était de 984 $. La progression démocratique
du Botswana depuis son indépendance en 1966 sera examinée ci-dessous. Mais la nationalisation des mines de cuivre par le
gouvernement et de l'instauration d'un système à parti unique qui a duré 25 ans
devrait être considérée comme des jalons sur la route vers la ruine de la
Zambie. La transition de la Zambie de l'autoritarisme plutôt bienveillant de
Kenneth KAUNDA (1964-1991) à la kleptocratie élue de son successeur, Frederick
CHILUBA (1991-2001) illustre bien les dangers inhérents à la démocratisation
superficielle. Au
cours de son mandat, ce dirigeant
démocratiquement élu de la Zambie a gagné des
dizaines de millions de dollars. En 2008, un
tribunal britannique a conclu que
CHILUBA avait comploté pour voler 40
millions de dollars, tandis que le gouvernement zambien a affirmé avoir récupéré 60 millions de dollars en gelant ses avoirs domestiques et à l'étranger. La
Zambie a seulement commencé à se redresser lorsque le successeur de
CHILUBA, Levy MWANAWASA, a commencé à instaurer des politiques
favorables au marché et une plus grande responsabilisation démocratique
de l’État après être devenu président en 2002.
Cependant, sa mort en août 2008 et l'élection suspecte de son successeur en
novembre 2008 suggèrent une fragilité de la démocratie
zambienne. L’accaparement des
richesses par des élites politiques avides a
souvent lieu dans des environnements
complètement autocratiques, comme le Soudan le Congo
Brazzaville et le Gabon. Mais, comme la Zambie le
démontre, elle peut également se produire dans les pays en apparence
démocratiques. Ainsi, une grande partie de l'Afrique reflète une piètre
image quand il s'agit de la corruption. Le
rapport annuel Indice de perception de la corruption, publié par
Transparency International, qui note les pays sur une échelle de 0 à 10, avec
les chiffres faibles indiquant une plus grande perception de la corruption.
Selon l’IPC 2008, sur les 47 pays africains examinés,
30 n'ont pas atteint le 3 et 14 ont obtenu entre 3 et 5. Seuls trois pays d'Afrique ont reçu plus de
5. Il s’agit du Botswana, de Cap-Vert et de
Maurice. En revanche, au Danemark, le
pays le moins corrompu dans le monde en 2008, a reçu 9,3. On pouvait s'y attendre, les trois pays les moins corrompus ont également
reçu les meilleures notes parmi les pays africains étudiés par Freedom
House. La
prédominance de la corruption provoque une variété de problèmes. Elle peut
décourager l'investissement privé, et en même temps emprisonner les pauvres dans
leur dépendance à des prestations de services publics inefficaces, voire
inexistantes. COLLIER offre un exemple instructif de la
corruption au Tchad. Comme il l'écrit, "en 2004, une enquête de suivi de
l'argent débloqué par le ministère des Finances au Tchad destiné à des cliniques
de santé rurales. L'enquête avait le modeste objectif de savoir combien d'argent
avait effectivement atteint les cliniques – sans chercher à savoir si les cliniques
l’avait
bien dépensé, ou
si le personnel dans les cliniques savait si ce qu'ils faisaient, juste savoir
où allait l'argent. Étonnamment, moins de 1 pour cent des fonds atteint les
cliniques –
99 pour ne sont
pas parvenus à sa destination". Avoir une bonne gouvernance est beaucoup plus dans les pays où les
services de l'État, ou son absence, peuvent littéralement faire la différence
entre la vie et la mort. La
responsabilisation est l'ennemi des pratiques étatiques opaques et des secrets
officiels. Mais dans de nombreux, si ce n'est la plupart, des États africains,
ces derniers sont très répandus. La Justice Initiative de l'Open Society
Institute, par exemple, favorise l'adoption des lois sur la liberté de
l'information, sur l'amélioration du système de justice pénale, et, surtout, la
création et la protection de véritables droits pour les citoyens.
Puisant dans ses travaux pratiques dans ces
domaines cruciaux à travers l'Afrique, l'organisation a récemment conclu que
"les processus politiques et les fonctions de l’État restent en grande partie personnifiés
par une figure de l’élite et arbitraire dans la plupart des pays,
tandis que les fondations institutionnelles sont
assez faibles. En conséquence, l'abus du
pouvoir de l'État continu d'aller sans être
inquiété". En conséquence,
les pays qui sont devenus plus démocratiques entre 1975 et 2000 ont eu une
croissance économique plus rapide que leurs homologues moins
démocratiques. Plus important,
l'étude n'a trouvé aucune preuve pour soutenir le soi-disant "avantage
autoritaire" pour le développement économique parfois proféré en Asie et
en Amérique latine. Au lieu de cela, l'étude a
révélé qu’il
"est
difficile d'échapper à l'association entre des règles anti-démocratiques et
l'échec économique en Afrique". Mais même dans les
démocraties africaines, l’état de droit et de la règle du plus
fort continuent de se rivaliser. La démocratie libérale est un puissant antidote
à l'autoritarisme politique. Sa diffusion est toutefois confrontée à certains
obstacles importants. L'obstacle
ethnique Aucune autre région sur Terre
ne présente une propension au conflit et à la guerre civile comparable à l’Afrique.
Depuis la
décolonisation, près de 40 pour cent des pays africains ont connu la guerre
civile. La violence continue de faire
rage à
l’est du
Congo. Ce conflit a, au fil du temps, touché 10 pays et coûté des millions de
vies. Il n'est pas étonnant qu'en 2007, 70 pour cent des 70000 casques bleus
engagés dans le monde entier aient été déployés en Afrique Les conflits en
Afrique ne sont pas tous causés par des tensions ethniques. La Somalie, par
exemple, est un État ethniquement homogène. Mais la plupart des tumultes
violents de l'Afrique portent sur les différences ethniques ou
religieuses. Les colons
européens ne se souciaient guère de l'existence de sociétés ethniquement
distinctes et homogènes en Afrique au cours de la découpe du continent à la fin
du 19ème
siècle. Les frontières
coloniales ont parfois morcelé
les sociétés africaines traditionnelles ou,
dans certains cas plus inquiétants en termes
de conflits futurs, rassemblés des centaines
de différents groupes avec peu ou pas
d'intérêts communs les unissant. À l'indépendance, les
frontières de ces États de fortune avec des populations variées, souvent
volatiles, et ethniquement mixtes ont été laissées intactes. Il est possible que
des partitions, comme celle qui a séparé le Pakistan de l'Inde en 1948, aurait
eu leurs propres conséquences violentes. Mais la persistance du statu quo
colonial et, plus important encore, l'échec des puissances coloniales et les
dirigeants de l’indépendance pour établir
des dispositions constitutionnelles tenant compte des différences ethniques, ont
coûté cher à l'Afrique en termes économiques. Par exemple, des études montrent que les pays qui ont connu une guerre
civile avaient un revenu moyen qui était environ 50 pour cent moindres que les
pays qui n'ayant pas connu de tel conflit. Les taux d'investissement en capital
humain et physique étaient également inférieurs d'environ 50 pour cent dans les
pays post conflit. Mais au-delà des effets économiques et des niveaux
extraordinaires de souffrance humaine causée par les conflits ethniques, les
appartenances ethniques ont empêché la consolidation démocratique et les
conciliations politiques des minorités. Dès 1979, le sociologue Pierre VAN DEN
BERGHE a averti que "si votre circonscription contient une majorité
démographique, le racisme peut facilement être déguisé en démocratie. Bien
entendu, le tour de main idéologique c'est qu'une majorité ascriptive
définie
racialement n’a rien à voir avec une majorité composée d'une coalition
dynamique
d’individus… La règle de la majorité en Afrique peut donc facilement
devenir un voile pour la domination raciale". En d’autres termes, la
politique de l'identité
l'emportera sur la politique d'intérêt. La plupart des partis politiques
africains ont des racines idéologiques superficielles. Ils sont beaucoup plus
définis à la fois dans leurs propositions politiques et dans la perception des
électeurs par les clivages régionaux ou ethniques. En conséquence, la politique
est souvent réduite à une lutte à somme nulle entre les gagnants de la majorité
et les minorités exclues. En
l'absence de dispositions constitutionnelles qui tiennent compte des minorités,
comme celles que l'on voit en Belgique ou en Suisse, les majorités ont tendance
à dominer, et l'opposition tend à être faible et isolée. Bien sûr, comme
Jerry MULLER de la Catholic University of America l’a observé, les identités politiques
ethniquement définies ne sont pas propres à l'Afrique. En effet, la
stabilisation paisible post-Seconde Guerre mondiale en Europe faisait suite à un
violent processus antérieur de séparation ethnique. "Dans les régions de
l'Europe, où la séparation n'a pas encore eu lieu tels
qu’en
Yougoslavie la
politique est susceptible de rester abjecte", écrivait-il. La
persistance des conflits ethnonationalistes dans plusieurs grands pays africains
a aussi fait barrage à l'épanouissement d’une société civile plus largement établie et
d’institutions nationales
transethniques. Même dans les pays sophistiqués, tels que l'Afrique du Sud, la récente
vague de violence xénophobe qui a éclaté de mai 2008 indique la prédominance de
sentiments nationalo-ethniques destructeurs. MULLER suggère que bien que la démocratie libérale soit, par définition,
racialement et ethniquement inclusive, elle fonctionne mieux dans les unités
politiques qui sont en grande partie ethniquement
homogènes. Bien sûr, ce n'est pas simplement les identités tribales qui provoquent
des troubles civils et les conflits ethniques, mais l'incitation délibérée à la
violence de certains dirigeants sans scrupules. Comme l’écrivait Robert GUEST de The Economist, "la plupart
des conflits actuels doivent leur persistance à la politique
moderne, et non pas aux passions
primitives". La
malédiction des ressources L'ethnicité
n'est pas le seul obstacle à la démocratie en Afrique. Près d'un tiers des États
africains sont riches en ressources naturelles, et l'Afrique est un grand
producteur des minéraux et des métaux les plus importants du monde, y compris
l'or, les diamants, le platine, le pétrole et le gaz. L'avantage économique
immédiat issu de l'abondance de tels minéraux varié due aux fluctuations des
prix, est contrebalancé par les effets néfastes des prix élevés des matières
premières sur les taux de change intérieur et en conséquence le
sous-développement de l’exportation chez
l'industrie
locale. Néanmoins, le pétrole a eu
un effet presque entièrement négatif sur la progression de la démocratie dans
les pays producteurs de pétrole en Afrique et en particulier en Angola,
au Nigeria, en Guinée équatoriale au Congo Brazzaville, au Gabon et au Soudan.
Pas une seule des nations d'Afrique exportant du pétrole n’est classée comme
"libre" par Freedom House. L’Afrique du Sud et le
Botswana, tous deux producteurs de minéraux, sont parvenus à obtenir cette note,
mais ils
n’ont pas de
pétrole. Selon HERBST, "une économie fondée sur les exportations de
minéraux durs, et notamment le pétrole, cultive l’autoritarisme, parce
qu’une
grande part du total des recettes
d'exportation est accaparée par le gouvernement central. Les flux financiers
relativement importants alimentent les gouvernements qui, autrement, se seraient
effondrés, et il est très difficile pour les régimes autoritaires de se retirer
du pouvoir". Il est intéressant de noter
que d’importantes réserves de
pétrole ont été récemment découvertes au Ghana. Il reste à déterminer si cette
nouvelle manne aura un effet sur l’impressionnant classement démocratique. L'Angola est l'un des exemples les plus flagrants d'un État despotique et
vénal alimenté par le pétrole. La production à grande échelle de pétrole au
large de la côte atlantique dans les années 1960 a prolongé et alimenté la
guerre civile de 40 ans en Angola. Pendant cette période, 1 million de personnes sur une population de 13
millions ont été tuées et 1,7 million de personnes ont été
déplacées. Human Rights Watch a prétendu
que les dirigeants angolais ont "perdu" plus de 4 milliards de
dollars de recettes de l'État entre 1997 et 2002. Le
cycle de guerres civiles et de violence a été, à des moments importants, aidés
par les revenus de l'industrie extractive, et alors que la paix est revenue en
Angola, la résurgence de la violence dans le pays voisin riche en minéraux, la
République démocratique du Congo, suggère la poursuite de problèmes similaires
dans ce pays. Deux initiatives internationales récentes
pour modérer la violence et les pulsions autoritaires alimentées par la lutte
pour les ressources minérales ont donné des résultats mitigés. La campagne
mondiale contre les soi-disant "diamants de sang" a abouti au
"processus de Kimberley", un instrument destiné à améliorer la
transparence et la responsabilité des dirigeants qui sont parmi les deux
conditions préalables les plus importantes pour les réformes
démocratiques. Cette initiative conjointe
des gouvernements, de l'industrie et de la société civile impose des exigences
détaillées à ses membres pour voir les expéditions de diamants bruts se faire
certifier "sans conflit". Cela pourrait endiguer le flot des pierres
illicites, qui sont souvent utilisées par les troupes rebelles pour financer les
guerres en Afrique. Parmi les 74 signataires se trouvent l’Angola, le Congo
Brazzaville, la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo et la Sierra
Leone. L’initiative sur la Transparence
des Industries Extractives (ITIE) est une autre tentative d’établir des principes de
bonne gouvernance en Afrique et qui a été mis en place par le gouvernement
britannique en 2003. L'ITIE crée un cadre pour la
transparence et la responsabilisation dans les pays riches en minéraux. Elle
exige par exemple une plus grande publication financière des entreprises
d’extractions
étatiques et privées et des gouvernements des pays en voie de développement.
Malheureusement,
le seul
pays d’Afrique qui soit pleinement
conforme aux critères de l'ITIE est le Libéria. Le processus de l'ITIE est volontaire, et requiert une comptabilité
honnête, des textes législatifs, et un suivi attentif. Ce sont précisément les
caractéristiques d'une bonne gouvernance qui font défaut à nombre d’États africains qui ont signé
l'ITIE, mais qui n’en satisfont pas les
exigences. Aide à
l'étranger : ami ou ennemi de la démocratisation ? Il doit y avoir
l’équivalent
de
plusieurs forêts d'études relatant l'échec de l'aide internationale pour
atténuer la pauvreté en Afrique. Robert GUEST écrit : Certains dirigeants
africains parlent parfois de la nécessité d'un plan Marshall. Mais l'Afrique a
bénéficié d'une aide équivalant à six Plans Marshall depuis
l'indépendance… Entre 1960 et 1992, l'Afrique
a bénéficié d'aides totalisant environ 400 milliards de dollars américains
ajusté à l'inflation. Mais alors que le plan Marshall original a été un succès,
l’aide à l'Afrique n'a pas
réussi à atténuer la pauvreté sur le continent. Certains commentateurs estiment que l'aide peut être bénéfique dans les pays où des politiques économiques saines sont pratiquées dans un cadre démocratique ancré dans la règle de droit. Toutefois, cette conclusion a été contestée par plusieurs chercheurs qui n'ont trouvé aucune preuve concluante que, dans un bon
environnement politique l'aide étrangère ait
un effet positif sur la croissance
économique. L'échec de
l'aide étrangère à améliorer les taux de croissance économique et de
développement humain en Afrique n'a pas empêché les appels et les engagements de son extension. En 2005, par exemple, Jeffrey SACHS de l'Université de Columbia a appelé à un doublement de l'aide pour les nations les plus pauvres du monde. Cette même année, le G8 s'était engagé à doubler l'aide à l'Afrique,
faisant ainsi 50 milliards de dollars par an. Bien que nous n’ayons toujours pas vu
ces sommes, le G8 a
mis beaucoup trop d’accent sur l'aide et l’allégement de la dette comme solutions aux
problèmes de l'Afrique. L'Afrique a besoin
d'adopter des réformes économiques et
politiques comme solution au
sous-développement. Alors que le G8 s'est également engagé à s'attaquer aux distorsions des
tarifs et des subventions agricoles du monde riche qui nuisent aux exportations
africaines, il est intéressant de noter que la libéralisation des échanges n'a
pas progressé ces dernières années. L'échec des négociations du cycle de Doha sur la libéralisation des
échanges fait peser un doute sur la réalisation future de cet
engagement. Des tentatives d’utiliser l'aide étrangère
comme un levier pour
promouvoir et récompenser la démocratisation en
Afrique ont été beaucoup plus
controversée dans leur portée et douteuse
dans leurs résultats. Il existe plusieurs
exemples où la combinaison des pressions étrangères et de l'opposition
domestique a entraîné le passage d'un système à parti unique ou de la loi
martiale à un système de multipartisme. Le Kenya en 1991, par exemple, vient à
l'esprit.
Toutefois, même dans ces pays, les résultats ont été mitigés. Il
saute aux yeux que récemment les
gouvernements sortants ont conservé le
pouvoir après des élections entachées de
flagrantes irrégularités. On
peut soutenir que des élections multipartites, même imparfaites, créent plus
d'espace démocratique que le maintien d’un système de parti unique. Mais tandis que les aides sous conditions
ont eu un certain succès dans l'élargissement de l'arène électorale, elle a été
bien plus inefficace dans la complexe tâche d'approfondir et de développer la
démocratie et les institutions qui la soutiennent. Dans son étude approfondie
sur les aides étrangères et la promotion de la démocratie, Stephen BROWN de
l'Université d'Ottawa conclut que "les autocrates" survivent souvent à la
pression pour la démocratisation. La conditionnalité politique, telle qu'elle
est actuellement appliquée, peut être contournée. De
nombreux gouvernements africains apprennent rapidement à faire le minimum de
réformes nécessaire pour conserver leurs aides : en permettant aux partis
d'opposition de faire campagne, mais pas de gagner ; en permettant à une presse
indépendante de fonctionner, mais pas librement ; en permettant à la société
civile de fonctionner, mais pas de manière efficace ; et de consentir à ce que
les élections aient lieu, mais jamais de remplacer le parti au
pouvoir. Comme BROWN le souligne, les pays
allant de l'Éthiopie à l'Ouganda ont mis en œuvre le strict minimum de réformes
pour satisfaire les
organisations internationales. En tout état de cause, beaucoup trop de programmes
d'assistance-démocratie sont techniquement biaisés et ne parviennent pas à
évaluer si la démocratie a pris racine ou non. Trop souvent, les donateurs et
les promoteurs internationaux de la démocratie traitent les symptômes plutôt que
les causes, et n'ont pas d'expérience sur le terrain ou l'expertise nécessaire
pour contrôler l'efficacité des institutions et de leur
personnel. Il
y a eu un fort soutien aux États-Unis pour le principe de la conditionnalité et
de la sélectivité qui a été
placée au cœur de la
Millennium Challenge Corporation, une initiative clé de l'Aide de
l'administration BUSH. Elle fournit des critères objectifs – fondée sur la bonne gouvernance, une
économie saine, et des politiques adressant la pauvreté – que le pays bénéficiaire doit satisfaire
pour bénéficier d'une aide. Malheureusement, la MCC a été critiquée pour avoir distribué de l'aide
aux pays corrompus comme le Sénégal. Au moins la MCC a été relativement
transparente dans son utilisation des évaluations de parties tierces, comme
celles publiées par Freedom House. La MCC est peut-être une
amélioration par rapport aux anciennes façons de dispenser de l'Aide mais il est
important de noter que la MCC s’ajoute, plutôt qu'elle ne remplace, aux
autres programmes d'aide. L'approche
de
l’approfondissement empruntée par le leadership
en Afrique frappe par son manque de considération pour la société civile.
Par exemple, le Nouveau partenariat pour le
développement de l’Afrique (NEPAD) de l'Union africaine qui a été
lancé par les présidents THABO MBEKI de l'Afrique du Sud et OLUSEGUN OBASANJO du Nigeria, et les présidents ABDOULAYI WADE du Sénégal et ABDELAZIZ BOUTEFLIKA de l'Algérie en 2001.
Le NEPAD est une
tentative d'obtenir davantage d’Aide internationale, un
allégement de la dette, et de l'investissement en échange d'une amélioration de la démocratie et d’une bonne
gouvernance. Pourtant, ses
actes fondateurs ne contiennent aucune référence à des formations politiques
autres que les partis au pouvoir et les États. Cette omission explique
probablement, en grande partie, le manque de succès du NEPAD dans la
démocratisation de l'Afrique au cours des neuf dernières
années. Le retour
de la présidence impériale La section précédente conduit
au défi central et peut-être le plus important de la démocratisation en Afrique
: l'enracinement des élites politiques en raison de l'absence de contrepoids
démocratiques et d’institutions indépendantes.
La survie du
"néo-patrimonialisme" ou de la présidence impériale, avec ses
effets atrophiant sur la création de contrôles et d’équilibres démocratiques,
demeure un obstacle majeur à une véritable démocratisation en
Afrique. Dans presque
tous les pays africains, les améliorations dans les perspectives démocratiques
générales doivent être nuancées par la survie, et souvent la prépondérance, du
"néo-patrimonialisme", connu en Afrique sous la forme du
leadership des "Big-Man". Comme le professeur ghanéen
H. KWASI PREMPEH l’écrit, "le nombre maximal de
mandats présidentiels peut être limité en Afrique, mais en aucun cas ils
n’ont
été
domptés…
Ils ont émergé des récentes
séries de réformes démocratiques avec leur puissance intacte… Il y
a
plus de libertés individuelles et plus d'espace pour l'opposition, mais les
présidents africains continuent de contrôler les ressources et le népotisme, ce
qui signifie que la capture et le contrôle de la présidence sont toujours l'unique ambition
des politiciens africains" Nous observerons ce phénomène à
l'œuvre dans diverses proportions dans chacun des
quatre pays spécifiques étudiés ci-dessous. Cependant, la plupart des pays
africains continuent aujourd'hui de témoigner de la persistance de la domination
présidentielle et l'absence de contrepoids démocratiques efficaces.
Les résultats peuvent varier dans chacun des cas, mais les causes
semblent être communes. Par exemple, très peu de transitions démocratiques en Afrique ont été
caractérisées par des réformes constitutionnelles fondamentales. Les conférences
constitutionnelles ont été dominées par des questions "d'accès",
tels que des élections libres, la liberté des médias, la durée du mandat, et
ainsi de suite. La
plupart du temps peu d'attention, voir aucune, a été accordé à l'établissement
et l'approfondissement des contrôles et équilibres
démocratiques. Même dans les pays où un tout nouvel ordre
constitutionnel a été créé, comme en Afrique du Sud entre 1992 et 1994, la
création d'un cadre politique soutenu par une déclaration des droits, la
séparation des pouvoirs, et la création d'institutions indépendantes se sont
révélées très difficiles dans la pratique. L’écrasant poids politique de la majorité du parti
nouvellement élu lui a permis de violer de nombreux édifices constitutionnels
visant à lutter contre la surconcentration du pouvoir. La persistance de la
domination par un seul parti dans de nombreuses démocraties d'Afrique
–
pour
des raisons d'appartenance ethnique, ce que l’on
a
appelé "les dividendes de la libération", et à cause de la faiblesse de
l'opposition – a encore réduit
l'efficacité des mécanismes constitutionnels et a permis aux dirigeants du parti
majoritaire dans différents pays de détourner et d'abuser leur
pouvoir. En
outre, l'expérience démocratique en Afrique est relativement nouvelle. En
conséquence, les assemblées législatives et municipales et les gouvernements
régionaux font souvent preuve d'une dépendance pathologique au Président et à
son parrainage. Le contrôle de l'exécutif et la création de contre-pouvoirs ont
donné jusqu'ici des résultats très mitigés. Il y a eu des cas récents de
parlements africains faisant barrage au pouvoir exécutif. Par exemple, en juillet 2008, le parlement
du Kenya, maintenant contrôlé par l'opposition, a adopté une motion de censure à
l'égard du ministre des Finances du président M. KIBAKI. En revanche, trois ans
seulement avant le chef de la lutte contre la corruption dans ce pays, John
GITHONGO, a été licencié lorsque ses enquêtes l’ont mené trop proches de la
présidence. Cette expérience l'avait amené à conclure
que "une ère, débutant au milieu des années 1990 lorsque les gouvernements
africains ont au moins essayé de prendre la corruption au sérieux,
s’est
terminée". Le
Nigeria, qui est devenu synonyme de corruption en Afrique, a fait subir le même
sort à NUHU RIBADU, la tête de sa Commission anti-corruption. Après avoir
été renvoyé en 2008 avant la fin de son mandat de sonder la corruption au plus
haut niveau de l'État, il a qualifié le mode de gouvernance du Nigeria de
"gangstérisme". Il semble y avoir chez les
forces de l'opposition peu d’enthousiasme pour
la
réforme de l'État et ses institutions. Au contraire, la plupart des militants de
l'opposition poussant au changement politique en Afrique ont, selon PREMPEH,
"été motivée par l’objectif à court-terme de
former le gouvernement eux-mêmes". Il cite le cas du Ghana,
où l'enthousiasme pour les réformes exigées par le New Patriot Party
"a sensiblement diminué après avoir obtenu le
pouvoir". Le
pouvoir judiciaire, dans de nombreux pays, a montré une grande amélioration
depuis les années 1960. Dans de nombreuses juridictions, il a joué le rôle de
contrepoids efficace contre les excès présidentiels. Toutefois, l'expérience varie selon les
pays et il semble toujours avoir beaucoup trop de cas où les tribunaux hésitent
à s’en prendre au pouvoir
exécutif. La première Cour africaine des droits de
l'homme et des peuples qui a siégé à Arusha, en Tanzanie, depuis juin 2008, est
un développement inspirant l'espoir dans l'institutionnalisation d'une
protection des droits
de l'homme à l’échelle
du continent. Les compétences juridictionnelles de la
Cour l'habilite à rendre des arrêts obligatoires pour toutes les parties, y
compris les États signataires, qui violent la Charte africaine des droits
de l’homme et des peuples. Toutefois, seulement 24 des
53 membres de l'Union africaine ont ratifié le protocole d'Arusha et sont donc
soumis à ses jugements. Malheureusement, les institutions panafricaines ont
tendance à refléter, et dans de nombreux cas renforcer, les défauts
démocratiques des États membres. Par exemple, un rapport de 2008 par Amnesty
International constate un déplorable "manque de volonté politique de
s'attaquer aux violations des droits de
l’homme qui,
généralement, sont à l'origine des tensions et des hostilités politiques".
Elle précise également
que le Conseil pour la paix et
la sécurité de l’Union africaine "échoué dans son mandat
d’adresser
la dimension des
droits de
l’homme dans les
conflits armés en Afrique". Une pléthore d'autres
institutions et de chartes, y compris la Charte africaine des
droits de l'homme et des peuples de 1986 et la Commission et la Cour africaine des droits de l'homme et
des peuples, continuent d'être inefficace à cause
"d’obstacles politiques et
financiers". Il
y avait de considérables anticipations que le mécanisme africain d’évaluation entre pairs (MAEP) du NEPAD, qui contenait
des dispositions pour l'évaluation d'un bon gouvernement dans une tentative
d’accroître l'aide internationale et
l’investissement à l'Afrique,
donnerait des résultats positifs. Malheureusement, les régimes les plus odieux, comme ceux du Zimbabwe et du Soudan, ont tout simplement choisi de ne pas participer au processus qui est, encore une fois, tout à fait volontaire. Le gouvernement
sud-africain a été largement accusé par ses opposants internes de marginaliser l'opposition et les groupes de la société civile du processus du MAEP. En conséquence, Ian TAYLOR de l'Université St. Andrews note que "le
NEPAD restera un club pour les
États africains et les Big Man qui les
dirigent". Nous Sommes le Congo !L'absence
historique et l'inégalité de la diffusion actuelle de la démocratie en Afrique
se reflètent dans le déclin économique du continent. Le Ghana, par exemple, fut
le
premier pays d’Afrique à obtenir
l'indépendance de la Grande- Bretagne en 1957.
Cessons d'Avoir Peur !
Pour un Etat de
Droit au Congo !
"Chaque génération a le choix entre trahir ou
accomplir sa mission"
Celui qui lutte peut gagner
! Celui qui ne lutte pas a déjà tout perdu !
http://mampouya.over-blog.com/
24 novembre 2010
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