Bénin: Attention, élection à haut risque! Lundi,
Bénin: Attention, élection à haut risque!
Lundi, 14 Fevrier 2011 19:58 Serge mathias Tomondji
Initialement
prévue pour le 27 février, la tenue du premier tour de la prochaine
élection présidentielle béninoise a finalement été repoussée au 6 mars
2011, pour pallier à un certain nombre de lacunes. Sur le terrain, la
campagne fait rage et les 14 candidats en lice rivalisent de promesses
pour conquérir l’électorat. Même si la Liste électorale permanente
informatisée continue de faire débat…
C’est
la première fois, depuis la Conférence nationale des forces vives qui a
allumé, fin février 1990, la flamme du renouveau démocratique béninois,
que l’on aborde une élection présidentielle avec autant d’incertitudes.
La Liste électorale permanente informatisée (Lépi), vecteur principal
de la bonne tenue du scrutin, reste sujette à caution. Les opérations
d’enrôlement et d’inscription alimentent, chaque jour, de vives
polémiques, et nourrissent de graves inquiétudes. Au point que
«plusieurs milliers de travailleurs béninois, du secteur public comme
privé, ont pris part ce lundi, à Cotonou, à un meeting de protestation
contre l’exclusion de citoyens des listes électorales».
Initié par
les cinq principales confédérations syndicales du pays -Confédération
syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB), Confédération des
organisations des syndicats indépendante (Cosi), Confédération générale
des travailleurs du Bénin (CGTB), Confédération des syndicats autonome
du Bénin (CSA-Bénin) et Centrale des syndicats du secteur privé du
Bénin (CSPIB)- cette marche vise notamment à protester contre
l’exclusion de citoyens du processus électoral. «Nous voulons une Liste
électorale permanente informatisée consensuelle et non un fichier
électoral truqué et taillé sur mesure», ou encore «Tous les citoyens
béninois en âge de voter doivent exprimer leurs suffrages lors du
scrutin présidentiel du 6 mars prochain», scandaient notamment les
manifestants, à travers des banderoles et pancartes hostiles au
gouvernement.
Des 14 candidats retenus par le Conseil constitutionnel, sur les 23 qui
ont déposé leurs dossiers à la Commission électorale nationale autonome
(Cena), figurent trois poids lourds, considérés comme les locomotives
du scrutin. Tout donne à penser, en effet, que l’élection se jouera
autour du président sortant, Thomas Boni Yayi, et de ses deux
principaux challengers, Adrien Houngbédji et Abdoulaye Bio Tchané.
Porte-drapeau de la majorité au pouvoir, Boni Yayi, qui a incarné le
changement lors de la précédente élection au point de l’emporter très
largement au second tour face à Adrien Houngbédji, entend rempiler et
multiplie les opérations de charme, alternant une communication axée
sur le bilan du premier quinquennat, jugé satisfaisant par son camp, et
promesses.
Et si l’Union fait la nation (UN), qui porte la candidature de Me
Adrien Houngbédji, ne l’entend pas de cette oreille, elle a encore fort
à faire pour réussir l’alternance. Elle le sait du reste, qui multiplie
les actions multiformes en direction de l’électorat, surfant sur la
vague d’un mécontentement populaire visible pour se poser en
alternative crédible. Actuellement, et c’est de bonne guerre, dans le
camp de l’opposition politique, le seul mot d’ordre est… «corriger le
changement». A quelques mots près, la coalition ABT 2011 de Abdoulaye
Bio Tchané, qui vient de démissionner de son poste de président de la
Banque ouest-africaine de développement (Boad), ne demande pas autre
chose à ses militants et sympathisants.
En attendant de voir où les Béninois donneront du bulletin de vote,
l’inquiétude reste patente au sein de la population, où retrouver son
nom sur les listes électorales relève encore, à quelques semaines du
scrutin, de la gageure. Comment sortir de cette «pagaille», qui fait
dire à Gaston Azoua, secrétaire général de la Confédération syndicale
des travailleurs du Bénin (CSTB), qu’«avec une Lépi, taillée sur mesure
pour organiser des fraudes massives, plus d’un million de Béninois,
notamment des travailleurs, sont privés ipso facto du droit de vote»?
Et qu’adviendra-t-il du modèle béninois si cette élection, la plus
disputée depuis 20 ans, tourne au cafouillage des lendemains incertains
et heurtés des périodes postélectorales dont l’Afrique est si friande?