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23 avril 2013

TOGO

CONTRIBUTION

20 avril 2013

A la mémoire de SINANDARE Gouyano Anselme et des autres enfants martyrs, victimes du régime Gnassingbé

Le sang des enfants

 

 On tue des enfants, et nous nous demandons pourquoi, pour qui ? Que chacun réponde à ces questions simples. Nous cherchons. Nos regards errent de la terre au ciel, de la mer à la savane… Certains d’entre nous se les sont posées, ces questions simples, mais troublantes, depuis le jour où sur l’esplanade du RPT, donc devant le symbole du RPT, devant l’autel du RPT, le fétiche du RPT, la statue de l’homme incarnant le RPT, d’autres enfants ont été sacrifiés par les forces aux ordres du RPT, d’autres enfants ont versé leur sang, jailli des profondeurs d’un autre symbole, éminemment plus élevé, d’une autre force au-dessus des forces armées que ces dernières se doivent normalement de respecter, force bondissant du cœur de la nation togolaise, force d’une vie de mille promesses pour la nation togolaise.

Le sang a coulé de la tête au pied de la statue, du symbole du RPT, a parcouru le système RPT de long en large, et à défaut de la pénétrer, car elle est imperméable cette statue de la domination, perchée sur son socle de marbre, l’a marquée à jamais, indélébile, en tant que système du sang, du sang innocent encore palpitant de vie. Écriture de la main de Dieu sur le front du meurtrier Caïn ! Dès le commencement ? Dirons-nous honnis soient tous ceux qui se sont nourris de ce sang, du sang des enfants, du sang de l’avenir ? Dirons-nous honnis soient tous ceux ont versé ce sang, ceux qui ont vendu, trafiqué ce sang, monnayé ce sang contre leur pouvoir, leur longévité au pouvoir, leur carrière dans le système ensanglanté, leur nage dans la mare de sang, leur bain dans la mer de sang, tous ceux qui y ont trouvé le moyen de perpétuer leur pouvoir, d’augmenter leur pouvoir, leurs richesses ? Ceux qui nagent gaiement, insouciants, dans leurs piscines de sang, se vautrent dans leurs lits de sang, qui se prélassent dans les jardins fertilisés par le sang, de leurs châteaux de sang.

Mais ce sont peut-être des gens qui jamais n’ont honte…de rien, même pas du plus abominable des crimes, celui qui veut supprimer l’avenir d’une nation, car s’ils pouvaient avoir honte, s’ils étaient capables de ressentir la honte, de lire la honte, de trembler de honte, c’est d’abord sur le front ruisselant de sang, dans le regard injecté de sang de leurs propres enfants, celui des nourrissons et même sur les nombrils de leurs femmes enceintes, qu’ils la liraient. Dans le lait au goût de sang que boivent leurs bébés.

C’est dans la voix de leurs propres enfants qu’ils entendraient parler le sang de ceux qu’ils ont sacrifiés. C’est sur la tête de leurs propres enfants qu’ils verraient retomber ce sang, s’accumuler ce sang qui coule, qui crie comme celui d’Abel, qui ne s’arrête pas, qui ne s’arrêtera pas tant que la Bête qui le réclame est là, tapie dans l’ombre, ce sang, fardeau de la malédiction qui pèse, pèse sur l’avenir, ce sang tout chaud plus rouge que le feu et qui brûle, qui flamboie, foudroie, ce sang qui parle, pointe un doigt accusateur sur qui ? Non, pas sur la statue de bronze rouge de crimes de sang, venue du pays de Kim Il Sung ( elle aurait pu venir de n’importe quel pays au régime totalitaire, « frère » de celui d’Eyadema), aux éclats aveuglants et aveugle elle-même, endurcie, insensible au cœur et à la raison, sourde à la voix humaine, mort personnifiée, qui défiait et voulait écraser le monument de l’Indépendance, symbole de la liberté, de la vie toujours foisonnante des martyrs de l’indépendance, sculpture du RPT aujourd’hui cachée mais mal cachée derrière un faux nom et des prête-noms et pour qui l’on continue de sacrifier des enfants, qui réclame, où qu’elle se trouve, sous quelque forme qu’elle se présente, du sang toujours chaud des enfants, mais sur ceux qui sont appelés au festin du sang des enfants et qui y répondent, qui d’une manière ou d’une autre plongent leurs mains dans le sang des enfants.

Plus encore, ce doigt accusateur est pointé sur ceux qui connaissent la valeur du sang, dans certaines croyances appelés sacrificateurs, qui ont pour vocation de réconcilier Dieu ou les dieux avec les hommes et les hommes entre eux, d’instaurer la vie harmonieuse entre eux. Que ces hommes continuent donc de nous parler de réconciliation alors que s’allonge la liste des enfants martyrs qui ont offert leur sang à la Bête avide de sang. Oui, qu’ils nous parlent de réconciliation, de paix, de justice, de vérité, chapelet de mots sonnant vide que l’on égrène depuis que notre terre blessée a poussé un cri et ouvert béant son sein pour y recevoir le sang. Oui, qu’ils égrènent ce chapelet entaché de sang bruissant comme une chaîne lourde sous leurs doigts dans des temples profanés en maintenant leur alliance avec les hommes buveurs de sang, en les fréquentant, en leur donnant la main, en courant au besoin à leur secours pour les soutenir.

Les maîtres du Sang, Hounnon, comme on les appellerait dans nos religions traditionnelles, se compromettraient-ils avec ceux qui dévalorisent le sang humain, le sang de vie liant Dieu et les hommes, plus encore, le sang des enfants, lien entre les morts et les vivants, entre le passé et l’avenir ? Saliraient-ils le sanctuaire, ceux qui célèbrent l’eucharistie, la sainte cène, soulèvent la coupe du sang de l’Homme vers le ciel, vers les valeurs auxquelles aspirent les sociétés humaines, vers Dieu ? En tout cas, le bruit des chapelets blasphémateurs ou plutôt des chaînes n’étouffera pas à jamais la voix du sang, la voix d’Abel qui crie : « Que faites-vous du sang des enfants ? »

Sénouvo Agbota ZINSOU

 

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