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28 juin 2010

CULTURE: INTRODUCTION AUX RELIGIONS D’AFRIQUE

CULTURE: INTRODUCTION AUX RELIGIONS D’AFRIQUE NOIRE

Les religions d’Afrique noire sont presqu’aussi nombreuses que les langues du Continent Noir. Et que ses cultures et ses peuples. A chacun son ou ses dieux, ses génies, ses ancêtres ; à chacun ses rites, ses prières, ses sacrifices. A première vue tout est différent entre les religions des Dogons et celle des Zoulous, entre les pangols et les Ioa des Yorouba.

CULTURE: INTRODUCTION AUX RELIGIONS D’AFRIQUE NOIRE

Les religions d’Afrique noire sont presqu’aussi nombreuses que les langues du Continent Noir. Et que ses cultures et ses peuples. A chacun son ou ses dieux, ses génies, ses ancêtres ; à chacun ses rites, ses prières, ses sacrifices. A première vue tout est différent entre les religions des Dogons et celle des Zoulous, entre les pangols et les Ioa des Yorouba.

Mais à y regarder de plus en plus, on constate quelques caractères fondamentaux qui sont identiques entre ces cultes essentiellement destinés à relier les hommes au monde invisible, qu’il soit dans la nature, ou surnaturel.

Ce n’est pas pour rien qu’on parle d’une civilisation africaine s’exprimant en plusieurs cultures… comme il y a une civilisation européenne avec plusieurs langues et religions ayant des traits communs.

En Afrique tous les peuples ont à peu et près la même conception des ancêtres et des génies, de leur action sur les vivants, de leurs modes d’incarnation ou de réincarnation. De même partout on rencontre le totémisme, cette relation subtile entre l’homme, l’animal ou l’arbre. Partout aussi l’action dite magique dont l’ethnologue italien Ernesto de Martino a donné une interprétation intéressante dans son ouvrage Le Monde magique (Marabout Université 1967). Ce livre est conseillé à tout lecteur soucieux de pénétrer le principe de réalité qui réside dans ces pratiques, afin de dépasser un certain aveuglement dû au rationalisme occidental.

L’Afrique est un continent, on l‘oublie trop souvent. On en parla longtemps de façon globale (Hegel, Gobineau, Frobenius) et les généralisations abusives sont encore aujourd’hui monnaie courante. L’anthropologie tant américaine que française a révèlé depuis soixante ans le surprenante diversité des cosmogonies et des théologies qui fleurissent dans les sociétés africaines et informent leur vision du monde, leur éthique, voire leur économie.

Cette diversité est d’autant plus perceptible à l’analyse que chaque ethnie possède son système religieux avec les notions particulières, obligations et interdits, qui s’y rattachent ; à première vue donc on ne distingue pas grand-chose de commun entre les cultes familiaux des Peuls ou des Sérères, et le Vaudou structuré en véritable église, ou le Bwiti villageois du Gabon.

Cette absence d’unité formelle et dogmatique a du moins l’avantage d’en exclure tout prosélytisme en dehors des limites ethniques. Aucune ne se prétend religion universelle Chaque système est autonome et à priori tolérant du voisin. La plupart sont fondées sur un mythe d’origine, qui à son tour fonde un culte et des rites précis C’est ainsi qu’ont coexisté des polythéismes et des monothéismes ; sans avoir connu de guerres de religions avant l’introduction de l’Islam ou du Christianisme.

C’est aussi pourquoi, ces deux religions étrangères ont pu aisément pénétrer le .territoire africain. Car les religions traditionnelles ont tendance à assimiler les dieux nouveaux sans se soucier d’une orthodoxie à leurs yeux sans nécessité. On verra donc la formation rapide de divers syncrétismes, depuis l’Islam Noir (décrit par Vincent Monteil) et ses multiples confréries, jusqu’aux Harrisme, Kimbanguisme, Matsuanisme, Native Church et autres dérivés des églises chrétiennes.

On a tellement mélangé les termes de magie, sorcellerie, fétichisme, animisme, paganisme que certains préfèrent aujourd’hui parler tout simplement de religions traditionnelles, ou encore de religions paysannes. Cependant des ethnologues ont tenté de préciser ces dénominations en les classant (Girard). D’autres ont récusé en bloc tous ces mots comme étant péjoratifs et relevant du mépris colonial.

Les noms proposés comme le panvitalisme, ou les anthropologies religieuses africaines, témoignent surtout de l’embarras où l’on se trouve de s’accorde r sur une désignation commode de cet ensemble multiforme, mais très précisément situé dans l’espace culturel et géographique. Lilyan Kesteloot a choisi avec Harris Memel Fote et Louis Vincent Thomas d’utiliser le terme d’animisme et ce malgré les réticences postérieures.

L.V. Thomas insiste sur cette notion fondamentale de l’animisme africain en l’opposant au culte ancestral asiatique et au totémisme amérindien, autres dimensions de l’animisme là-bas dominantes ; ces dimensions sont présentes aussi en Afrique mais intégrées à ce concept d’énergie-force-vitale déjà mis à jour par Placide Tempels et que Thomas définit ainsi : « force et tension, pouvoir d’expansion, de renouvellement et centre d’échanges avec l‘environnement, qui fait que chaque être est un intermédiaire et un cadre opératoire » (o.c.) L’anthropologue Memel Fote confirme que ces forces obéissent à deux lois : la loi d’hiérarchie, et la loi d’interdépendance.

La notion de personne dont parle Roger Bastide inclut la relation insécable avec la parenté latérale étendue d’une part, et avec l’ascendance des vivants comme celle des morts , d’autre part sans limitation de temps ni d’espace.

Une autre conséquence de la loi d’interdépendance est l’interprétation de la mort. On la croit généralement causée par quelqu’un, et non seulement par accident ou la maladie. Les notions de mauvais-œil, d’envoûtement ou d’anthropologie réelle ou symbolique se fondent sur ces rapports de force mentale entre les êtres. Ainsi la mort peut être provoquée par vengeance ou par envie, uniquement de manière occulte, sans passer par un médium matériel. D’où la nécessité de se protéger par des moyens analogues : gris-gris, safara, sacrifices, invocations, exorcisme (jat).

La peur de la mort est universelle. Elle est à la source de la plupart des religions. Mais il semble que les Africains aient poussé à un degré extrême la mutation du cadavre impur et inerte, en esprit sacré et actif, transformant ainsi la valence négative du mort en valence positive de l’ancêtre (L.V. Thomas).

Amade Faye dans sa thèse sur La mort dans la littérature sereer (1990) remarque « Mourir préoccupe moins que mourir sans avoir pu assurer son deuil, sans pouvoir espérer… une sorte de résurrections sinon dans le corps, au moins dans l’esprit du peuple et des siens . » « La plus grande gloire d’un être humain n’est célèbre qu’après sa mort », note le Bamiléké. Mais c’est dans toute l’Afrique que le bon déroulement des funérailles est essentiel, afin de ne pas rater le « passage », en devenant cette calamité ; un mort-errant que les villageois redoutent comme la peste. Les perturbations que ce revenant occasionne, ne cesseront que lorsqu’on lui aura donné la sépulture convenable, ou fait les rites appropriés et compliqués qui l’apaisent.

Lilyan Kesteloot traite de l’origine de la création de l’homme dans les mythes africains (Bambara, Dogon, Fangs du Gabon et du Cameroun, etc.) Les divinités supérieures engendrent les hommes, soit par ovipare, soit par gestation vivipare. Cette divinité est le plus souvent masculine et associée à la pluie, ainsi Nyama, Nyamien, Roog Sène, Nzamba.

Des groupes de Peuls pasteurs et soninke travaillant le fer arrivèrent de l’Est et s’installèrent dans le Fuuta Tooro. Il en sortira le premier Etat de la région, le Tekrour, contemporain du Gâna ou Wagadou mieux connu des historiens. Après des siècles de coexistence et de métissage avec les peuples locaux, les Tekrouriens (Toucouleurs) furent islamisés sous la poussée des Almoravides berbères et leur domination devint bientôt contraignante pour les pacifiques autochtones.

Ces derniers étaient très attachés à leurs croyances ancestrales fondées sur les génies reptiles liés au fleuve et aux points d’eau. Séreer (Séreer est un terme peul qui signifie : se séparer) s’installèrent au Baol, au Sine et au Saloum. D’autres populations continueront le long de la Côte jusqu’à rejoindre les Séreer vers MBour. Elles s’appelleront Lébou.

Sur ce nom de Lébou, plusieurs auteurs, dont J. Pirenne, R. Cornevin et P. Gostynski, l’estiment originaire d’Egypte ou de Libye. Hypothèse que C .A ; Diop formule aussi pour les Wolof et les Séreer. Wolof et Lébou s’islamisèrent lentement et sûrement au cours des siècles, jusqu’à fonder leurs propres confréries.

Les Séreer purent mieux protéger leurs dieux et restèrent animistes jusqu’au début du XXe siècle. Ils sont aujourd’hui animistes musulmans et chrétiens. Souvent dans la même famille on rencontre des membres des trois religions. En réalité ces chrétiens et musulmans connaissent toujours fort bien la religion des Pangol.

Chez les Lébou, les génies se nomment Rab et coexistent en bonne intelligence avec des Tuur. On les confond souvent mais le mot tuur (plus ancien) désigne à la fois le génie, l’autel et la cérémonie qu’on lui consacre. C’est un concept plus globalisant. Rab et Tuur sont aussi nombreux chez les Lébou pourtant complètement islamisés que chez les Séreer. Il semble qu’ils déterminent davantage encore leur vécu quotidien.

Le rite le plus courant de la religion lébou est le Ndêp, équivalent de Lup séreer. C’est une cérémonie plus spectaculaire qui a attiré l’attention du service psychiatrique de l’hôpital de Fann, et sur laquelle le docteur Henri Collomb a écrit maint articles dans des revues spécialisées. Le Ndëp, vu du côté psy, est un rite thérapeutique efficace pour soigner les maladies mentales à dimensions culturelles.

Ce livre aux dimensions modestes est une riche introduction aux religions d’Afrique noire.

Amady Aly Dieng 

par Lilyan Kesteloot
NEAS et IFAN 2007
89 pages

Source SudQuotidien

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